Les photos du Forum du bénévolat à Mosaïque le 1er juin 2013

Samedi 1er juin 2013, Mosaïque ouvrait ses portes au public pour sensibiliser de potentiels candidats à la cause du bénévolat. Résidents, parents et salariés de Mosaïque ainsi que de La Maison du XXIème Siècle, proposèrent ensemble différentes activités et moments de convivialité à cette occasion. Cette journée fut porteuse de moments forts et de promesses d’autres beaux instants, comme en témoignent les 26 bénévoles finalement inscrits à son issue. En voici un témoignage photographique.

Loïc Cas – Infirmier à Mosaïque et photographe

« Handicapés grave. Turbulences, c’est juste trop cool ! »

Un dîner parfaitement réussi, quand la différence s’invite à table… petite chronique de la découverte du bénévolat dans une vie (presque) ordinaire.

Le dîner était bruyant, trop de convives comme souvent. Les conversations convenues se télescopaient avec élégance. Vaut-il mieux vivre en ville ou à la campagne, en appartement ou en pavillon ? Tous sont d’accord, la donne a changé, les villes sont transformées, elles rivalisent de beauté et d’équipements. Il fait bon y vivre, enfin s’il n’y avait pas cette maudite crise économique et son cortège de précarités…

– «  Bon » fit l’un, un brin ironique « puisque nous sommes tous égaux maintenant, il ne nous reste plus, hommes et femmes, à relever nos manches et à bâtir cette nouvelle société idéale ».

–  « Vous croyez vraiment que c’est possible cette égalité, qu’il n’y aura pas de problème avec les enfants ? »  se risqua la dame aux cheveux gris ?

Chacun avait un avis, des certitudes nombreuses et des doutes aussi. La loi était votée et les familles, toutes différentes, affirmaient avec bonheur la promesse d’enfants parfaits élevés bien entendu par des parents parfaits. L’espérance devenait évidence dans le meilleur des mondes. Les hommes naissent libres et égaux en droit, aujourd’hui c’était  la victoire de l’altérité et de la différence.

L’adolescent assis en bout de table, boudeur et silencieux faisait face à ses parents qui en avaient vu d’autres. Pensait-il ou ne pensait-il pas du tout ? Dans le fond cela revenait au même….pourtant le sujet devait le concerner. Personne n’osait lui poser de question, à son âge, on est fragile. A part lui, il pensait quand même « mais de quelle différence parlent-ils ? »

Le silence s’installait peu à peu ou bien était-ce l’interrogation muette devant le « mélange » qui s’imposait aussi en cuisine et rendait les plats mystérieux.

–  « Mon frère, il est handicapé grave ! »

– «  Grave ? mais pourquoi ? Il a eu un accident ? »  demanda la maitresse de maison dont la  perspicacité n’était plus à démontrer.

« Il veut dire que son frère est né polyhandicapé » traduisit  la mère.

Toutes les têtes se tournèrent vers les parents, qui avaient l’air normaux et détendus.  Le père ajouta :

« L’enfant rêvé, parfait, ça ne marche pas à tous les coups, si je puis dire… »

Les questions fusaient, chacun voulait comprendre, toute une vie à vivre dans la dépendance comment était-ce possible pour une famille ?

– « Il vit chez vous ? »

– « Non, il est accueilli dans une belle maison »

– «Oh, c’est triste, vous ne devez pas le voir souvent  »

– «  Si tous les jours, parfois nous déjeunons avec lui et il rentre à la maison le samedi et le dimanche. »

– « Qu’est-ce qu’il fait toute la journée ? »

– « Il va en classe, il apprend à apprendre, il fait des progrès tous les jours »

Le frère handicapé rendait l’adolescent bavard,  heureux, complice, il adorait son frère.

– « Sa salle de gym et sa piscine, c’est trop bien !  En plus il peut y aller tous les jours et même le soir. Même qu’il part en Tunisie pour les vacances, trop de chances. L’autre jour avec mes potes on l’a accompagné au concert de rock au pied de la Tour de la Liberté, et maintenant dans leur nouvelle maison, il va aussi avoir plein de concerts ».

– « Mais ça existe une maison pareille ? »

– «  Oui, à Saint-Dié des Vosges, ville moyenne au cœur du massif  vosgien, la maison est construite en centre ville, ses résidants participent à toutes les animations, ils vont au marché et ils organisent des tas d’activités chez eux, des expositions, des concerts, … ».

– « Evidemment ça doit coûter cher… »

-« Pas plus qu’ailleurs, les extras sont financés par la solidarité locale, toute la ville est très impliquée »

– « Mais comment avez-vous fait ? »

-« Nous rien, on est arrivés après la bataille. On a choisi d’habiter à Saint-Dié des Vosges justement à cause de Turbulences, c’est le nom de la maison. Le projet a été réalisé par une association de parents, voulue et soutenue par la volonté politique des élus qui ont offert le terrain en centre ville. C’est la première application de l’amendement Creton, voté à l’unanimité par l’assemblée nationale en janvier 1989.  Le combat pour l’agrément fut rude, mais l’association enfonçait les portes des administrations et des ministères sans complexe, elle avait un laissé-passé triplement signé François Mitterrand, René Teulade et Simone Veil.  Mais maintenant on participe  activement à la vie de l’établissement. »

-« Turbulences, c’est juste trop cool ! Trop bien, comme la mousse au chocolat, trop bonne »

La maitresse de maison était aux anges, c’est vrai que la mousse, c’est sa spécialité. Et puis, elle aimait ça avoir des invités étonnants qui connaissent des gens formidables pour qui la différence et la solidarité ne sont  pas que des  discours. C’ était une femme généreuse, c’est pour cela qu’on acceptait volontiers ses invitations sans moquer ses expériences culinaires audacieuses, sauf la mousse, dessert obligatoire, une recette secrète de sa grand-mère. Elle aimait depuis toujours les valeurs de la République « Liberté, égalité, fraternité », elle pensait qu’aujourd’hui, on pourrait ajouter « solidarité » parce que, dans le fond, c’est le plus important, une vraie solidarité, visible, concrète, pas uniquement dans les mots ou sur papier glacé. Elle pensait que maintenant que ses enfants étaient grands, elle pourrait peut-être….

La dame aux cheveux gris insistait, elle voulait savoir.

– « J’ai vu des reportages à la télévision, ces enfants là sont souvent très atteints physiquement…les gens n’ont pas peur ? »

L’adolescent la fixa en pensant « elle ne lâche pas l’affaire, mais c’est tant mieux »

« Même pas peur, je peux reprendre de la mousse ? »

« Oui, bien sûr, elle est bonne hein, termine le plat … »

– «  Mais nous aussi on peut participer à la vie de la maison ? »

Elle venait d’avoir une idée géniale, on pouvait passer aux digestifs et aux cigares, poursuivre cette discussion passionnante, elle attendrait les compliments sur son dîner qui n’allaient pas tarder à venir, elle n’en doutait pas, pour faire sa déclaration.

– « Le bénévolat c’est formidable,  la solidarité finalement ce n’est pas si compliqué, juste une question de volonté ! »

Marie Pierret

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